Pièce de théâtre : Pause Café
L’Association des Sourds du Maine-et- Loire m’a fait l’honneur de me confier la mise en scène du spectacle qui devait être présenté lors de la célébration de l’anniversaire des 70 ans de sa création, largement annoncée dans les colonnes de notre journal. Deux comédiennes, Christelle Brouhard et Virginie Vitour, ainsi que quatre garçons, Pascal Goua, Sébastien Plessis, Sylvain Brochard et Thomas Heraud, se sont portés volontaires.
Il s’agit donc d’un atelier théâtre, et les participants devaient jouer leurs rôles, mais avant tout chose ils ont participé à la création de l’histoire et des personnages. À partir d’une idée collective, il a été décidé que le fil conducteur de la pièce serait la salle de repos d’une usine, où trône une machine à café. La série « Caméra café » n’est pas loin. Voici un résumé de l’histoire :
« C’est le soir, la comptable prend un dernier café quand elle voit le patron qui se prépare à partir, il est habillé comme pour faire la fête, il attend quelqu’un. La femme de ménage, C., arrive discrètement, on comprend qu’elle va rejoindre le patron avec qui elle va passer la soirée. Quand ils sont partis, la comptable éteint la lumière puis sort. Puis, le lendemain, on assiste à une journée pas si ordinaire dans l’entreprise. La pauvre C. est la victime du patron qui a bien vite oublié la nuit passée. Elle est également victime de la comptable qui est très attirée par la patron.
Enfin les trois ouvriers sourds qui font un travail répétitif et sans intérêt (scènes inspirées des « Temps modernes ») se comportent comme de véritables machos avec C.
Quand les ouvriers décident de faire la grève, C. est inquiète et hésite à suivre le mouvement… Que va penser le patron ? ».
Il y a quatre rôles « Sourds », la femme de ménage et les trois ouvriers, et deux rôles « entendants » : le patron et la comptable. Ces derniers bougent les lèvres, mais aucun son ne sort de leur bouche : c’est bien le point de vue de la femme de ménage qui est adopté ; elle voit le mouvement des lèvres mais n’entend naturellement pas. Pour ce spectacle c’est donc l’option du théâtre visuel qui a été retenue. Quant au sujet, il est bien familier aux Sourds, et certains spectateurs m’ont confié y avoir retrouvé des situations qu’ils ont vécues.
Le théâtre de la MJC Quart’Ney d’Angers était plein à craquer lors de la représentation donnée le samedi 20 novembre. L’après-midi a commencé officiellement avec le discours de Sylvie Lecomte, présidente de l’Association des Sourds du Maine-et-Loire, et un bref débat a suivi la représentation. La pièce sera représentée le 16 avril 2022 à 16h au théâtre du Tiroir de Laval (53).
Si l’on reprend les questions de
l’introduction :
1) Quel sujet abordé ? Un moment de la vie ordinaire des Sourds, du point de vue des Sourds.
2) Quel genre de théâtre ? Théâtre burlesque et absurde. Il n’y a aucune prétention à un quelconque réalisme.
3) Quelle forme ? Théâtre visuel, sans langue des signes (sauf « patron » et « argent ») ni parole (inaudible pour les Sourds dont le point de vue a été adopté).
4) Pour quel public ? Tout public puisque la connaissance de la langue des signes n’est pas utile. Mais il reste que le public sourd a particulièrement bien accueilli ce spectacle.
Vous trouverez un bref témoignage de chacun des comédiens à l’adresse suivante :
http://en-lsf.fr/PauseCafe/Comediens.mp4
Un teaser de la pièce peut être
visionné à l’adresse :
http://en-lsf.fr/PauseCafe/Teaser.mp4
Par Didier Flory